Ça y est, je viens enfin de trouver le temps de regarder avec Laurence [i]Le Rebelle[/i] de King Vidor, le film inspiré de la vie de Frank Lloyd Wright dont je parlais ailleurs dans le forum !
Eh bien, il est formidable, ce film ! Hollywoodien sur les bords, quand même, mais formidable malgré tout ! Même si je n'aime pas beaucoup l'idée de Génie, avec un grand "g", et s'il y a un brin d'idéalisme là-dedans (la persévérance a raison de tout), le film présente un tableau du monde de l'architecture et du monde en général assez fin, complexe, très intéressant, nettement au-dessus de ces réserves (et d'ailleurs le film semble avoir prévu le coup : il est capable de démentir chaque réserve qu'on peut avoir par d'autres éléments du film qui les contredisent, qui montrent que le film n'est pas vraiment tombé de tel ou tel panneau). Non, vraiment, c'est un grand film - sur le pouvoir et sur le respect de ses convictions. Et il y a une petite phrase pessimiste sur l'évolution du monde assez épatante - surtout quand elle est entendue après le 11 septembre - où l'architecte du film dit (en substance, il faudrait retrouver la phrase exacte) que l'humanité ne continuera pas indéfiniment à construire des tours de plus en plus hautes, qu'elle sera bientôt limitée par son propre manque d'ambition - ambition artistique mais aussi politique, morale - en suggérant qu'elle finira bien par en détruire...
Mais bon, c'est loin d'être les seules qualités du film, hein ! Vraiment, si vous en avez l'occasion, je vous encourage à regarder ce film.
Une autre preuve que c'est un grand film : il a donné envie à Laurence, qui connaissait déjà bien Frank Lloyd Wright, de le redécouvrir ! Pour faire la part des choses entre la fiction et la réalité, probablement, mais aussi pour mieux connaître les idées du bonhomme.
Et c'est ce qui me donne le plus envie, à moi aussi : on sent un type d'une rigueur et d'une honnêteté rares, qui a pensé son époque et le lien entre architecture et - par exemple - démocratie (ou, plutôt, absence de véritable démocratie). Il y a d'ailleurs un bouquin de lui qui porte ce nom : en français, ça donne quelque chose comme [i]Quand la démocratie construit[/i], je crois.
Autres remarques en vrac, pour discuter avec Laurent (et d'autres qui seraient intéressés, évidemment) : avez-vous fait attention à l'âge qu'avait FLW quand il a construit ses bâtiments les plus fameux ? Entre 60 et 90 ans ! Voilà qui semble confirmer l'impression donnée par le film d'une reconnaissance tardive.
Et quelqu'un saurait-il comment on peut traduire [i]Fontainhead[/i] ? C'est le titre du film de Vidor, et je ne trouve plus mon dico d'anglais !