Galerie Vartan

Bon, je vais essayer de me lancer. C'est un peu en regardant le travail de Laurent que m'est venue l'envie d'utiliser mon appareil photo (APN, c'est comme ça qu'on dit maintenant ?) pour regarder ma ville différemment.

J'habite Bordeaux, c'est une des plus belle ville du monde, vous vous en doutez, d'architecture XVII° et XVIII° des plus classiques, sans doute la ville de France qui est la plus homogène de ce point de vue. Des immeubles Louis XV sur des kilomètres, la place Vendôme puissance 10. Mais je vous montrerai ça d'autres fois. C'est de la carte postale et je ne sais pas comment faire pour photographier d'aussi belle choses. Plus tard sans doute.

Dans l'immédiat, j'ai pensé que l'architecture moderne d'une ville si classique passait inaperçue. J'ai eu envie de montrer ses beautés et ses laideurs, beaucoup d'échecs (à mon avis) quelques superbes réussites.

Essayez de deviner ce dont il s'agit...

Le Palais de Justice (Tribunal de Grande Instance). Conçu par de Portzamparc. Magnifique !
Des cornues de bois blond posées sur des trépieds métaliques qui sont les salles d'audience. Projet accolé au vieux Palais style colonnes et grande volée de marches en pierre calcaire (j'irai prendre la photo demain).
Derrière ces cornues, un bâtiment de verre parallèlepipèdique qui abrite les bureaux dont la façade opposée aux cornues est grillagée de persiennes de metal bleu.

On voit mieux ici dans le détail, l'utilisation des couleurs, crues mais sur des éléments fins et métaliques (jaune d'or ici). Tout est posé sur une large esplanade de calcaire. Au soleil c'est cuisant et impressionnant comme ambiance.

Un grand miroir d'eau devant, des vitrines qui emballent trois des quatre cornues, des hublots. C'est austère et baroque à la fois. Ca dérange même cette espèce d'étrangeté qui n'est ni hostile ni accueillante.

La cornue du bout semble toute seule, on a oublié de l'habiller, elle est toute nue, le bois à l'air (si j'ose ). Le public arrive par l'escalier qui lui débarque sur les pieds.

Si avec ça les jeunes bordelais deviennent pas délinquants, je comprends pas...
Ca donne envie d'y faire un tour à l'intérieur...

J'aime beaucoup (après un temps d'adaptation à cet objet bizarre, je travaille à 100 m de là) ce mélange de pierre, de bois, de verre et de métal. On voit bien l'idée du toit ondulé qui repose par ces grandes pattes de métal sur les assises de pierre, donnant l'impression d'une simple tonelle méditerranéenne.

laurent a écrit:

Si avec ça les jeunes bordelais deviennent pas délinquants, je comprends pas...
Ca donne envie d'y faire un tour à l'intérieur...

Je ne t'ai pas encore montré l'Hotel de Police inauguré par Sarko il y a un ou deux ans pour une modique somme de 50 millions d'euros je crois ! Ca fait tout de suite moins envie. Mais pourquoi pas Juge, plutôt ?

Bah c'est trop fatiguant, et faut avoir fait des études...

Je suis un garçon qui regarde sous les jupes des filles.

L'entrée des "artistes", c'est à dire des magistrats et personnel passe par ces délicieuses passerelles jaunes dont les formes n'ont pas de raison utilitaire. Juste un petit délire d'architecte.

On voit mieux le projet dans la ville. Le tibunal, un bout des remparts du moyen-âge, la tour ronde c'est l'ancienne prison des femmes, puis le cube avec des persiennes marines, c'est l'Ecole Nationale de la Magistrature et plus loin la place Pey-Berland avec la cathédrale.

Demain je complèterai cette série. Il y a d'autres choses à voir dans ce quartier judiciaire.

Un autre pan du Palais de Justice qui à Bordeaux forme un véritable quartier. La vieille bâtisse (aujourd'hui siège des Assises). En travaux, dommage c'est assez chouette, une grande volée de marche, une colonnade imposante, quatre grands fauteuils de pierre dans lesquels sont installés des statues à l'oeil sévère sur le toit.
Construit entre 1839 et 1846 par Thiac

On balaie ferme à 9 heures avec l'arrivée des premiers avocats.

On voit ici l'articulation brutale entre la façade plane de verre du TGI et l'arrondi médiéval du Fort du Hâ (années 1100) qui sert de dépendances à l'Ecole de la magistrature.

TGI façade donnant sur le Cours d'Albret. Plusieurs étages entièrement vitrés, protégé du soleil couchant par des persiennes coulissantes bleues.

Je sens que je vais vous saouler avec les Juges et les avocats.

...mais c'est pas fini. J'ai finalement refait un tour ce matin à la fraîche prendre plus de photos.
A la demande de Laurent, je suis monté au TGI, ai supporté une fouille au corps, celle de mon sac, ai passé un portique de détection de métal pour me faire entendre dire (ils avaient vu mon APN) qu'il était interdit de photographier ! Je leur ai dit qu'on voit bien pourtant des images de tribunaux à la télé et on m'a fait la même remarque que quand j'ai voulu prendre en photo l'urne d'un bureau de vote: "Oui, mais c'est pas pareil, ce sont des journaliste" Il faudra m'expliquer pourquoi un citoyen ne peut pas !

J'ai repris mes petites pattes et mon petit vélo et j'ai essayé de rentrer dans la Cité judiciaire et je me suis fait prendre par les mêmes flics qui prenaient leur pose-clope !
Alors je suis revenu cet après-midi et là personne pour m'embêter, j'ai pu photographier l'intérieur de l'ENM, sans fâcheux !

La Tour du Hâ côté intérieur de la Cité: le RDC sert de toilettes !

L'Ecole Nationale de la Magistrature, au centre de tous les tribunaux, un petit hâvre de paix au milieu de Bordeaux, des derniers reste des remparts médiévaux, une superbe architecture construite entre 1969 et 1973 (Guillaume Gillet, prix de Rome en 1947, grand constructeur de 12 maisons d'arrêt ) Les contraintes liées au lieu (la présence des deux tours du XII° siècle) lui a fait choisir un édifice bas organisé comme un demi-cloître dont les extrémités rejoignent les remparts. Impression de tension dûe à l'arc de ce bâtiment et la présence des sept grandes cornues qui veillent au-dessus de ce jardin et des deux tours fortifiées. Un délice !




Ici à gauche la Tour des Minimes (ancienne prison des femmes) qui sert de coin pique-nique aux étudiants.

J'aime beaucoup ces lampadaires de coupe carée, en haut trois hallogène ultrapuissants qui éclairent la nuit comme sont éclairées les pelouses des stades de foot.

Une dernière vue de l'ensemble...

Pour bien comprendre comment c'est fichu, une vue Google earth

La Cité judiciaire: le TGI, les Assises, l'ENM, le conseil des prud'hommes, à droite la maison des avocats et le T d'Instance je crois.

Façade vers le bas: la vieille néoclassique à colonnes.
Façade à gauche: le TGI vitré avec persiennes sur le cours d'Albret
Au centre l'arc de l'ENM qui se ferme sur le rempart oblique qui lui-même traverse les deux tours. Au milieu le jardin clos.
La façade vers le haut: la grande esplanade ensoleillée des première et de la dernière photo
Les cornues au nombre de sept qui sortent du toit ondulé.

Et pour finir, votre serviteur dans les vitres de la trésorerie générale du Trésor public et contre le mur du cimetière de la Chartreuse. (on se mire dans ce qu'on peut).

Un citoyen moyen ne peut être l'ami de Sarkozy voyons...

Par contre, journaliste docile, chanteur pour pucelles décérébrées, homme d'affaires véreux, acteur avec résidence secondaire en Corse, là ça va...

laurent a écrit:

chanteur pour pucelles décérébrées,

J'aurais bien voulu !

Une grande série s'impose pour montrer les heurs et malheurs du centre de Bordeaux.

Le quartie Meriadeck. Du nom d'un évèque de la ville qui au XVIII° légua l'ensemble de ses propriétés aux pauvres de la ville. Tout un quartier populaire s'est développé en centre ville, à deux pas des quertiers chicissimes du "Triangle d'or". C'est une constante à Bordeaux que de laisser mêlés des quartiers populaires et bourgeois en toute tranquilité, ce qui explique la paix sociale qui étonne toujours les gens qui viennent d'autres villes.

En tout cas, ce quartier fut rasé dans les années 70 et livrées aux promoteurs par le maire de l'époque, Jacques Chaban-Delmas qui croyait lancer la ville à la conquète du futur et du développement économique. Las, la plupart des constructions sont datée après 10 ans d'existence, le quartier construit en hauteur (les voie de circulation sont en dessous) laisse d'immenses esplanades désertes ou peuplées le jour des SDF, la nuit des toxicomanes qui dealent et des gays qui s'y prostituent. L'endroit ne manque pas de charme (grandes dalles silencieuses et arborées, chaos architectural dépaysant).

Je l'ai souvent vu comme une verrue plantée au milieu de la beauté de la ville. Je suis moins catégorique aujourd'hui, mais c'est un îlot qui reste peu viable à long terme, qui tombe déjà en ruine en l'absence d'une gestion autonome du quartier. (partage délicat entre bureaux privés, services publics, habitations...)

J'en parlerait plus globalement plus tard.

En tout cas, les immeubles sont pour la plupart investis par les institutions locales (Communauté urbaine, conseil général, régiona, préfecture...) Quelques immeubles d'habitations peu courus malgré la position centrale du quartier.

Il s'étend sur des hectares et je vous propose d'en découvrir une petite partie (cf la carte partielle).

Aujourd'hui l'Hotel de Région, sans doute le plus beau, le plus classique et simple, bâtiment à colonnade en péristyle. Cube de verre entouré de fines colonnes triangulaire à la coupe, recouvertes de fin tessons de calcaire. C'est assez froid, mais l'habillage des façades de verre vert et découpé à la Mondrian anime un peu la rigidité voulue.

Puissance de la Région (Aquitaine: Gironde, Landes, Lot et Garonne, Dordogne et Pyrénées atlantiques) clairement exhibée dans ce bâtiment presque vide: un hall immense que je n'ai pas pu encore photographier qui rempli la moitié de l'espace de la façade.

vartan a écrit:

J'ai repris mes petites pattes et mon petit vélo et j'ai essayé de rentrer dans la Cité judiciaire et je me suis fait prendre par les mêmes flics qui prenaient leur pose-clope !

… ils t'ont reconnu ?
Qui sait peut-être qu'ils ne t'ont pas reconnu. Comme disait un maire de Bruxelles (Demaret): "Il y a 1500 policiers à Bruxelles, on ne peut pas demander à tous d'être intelligent !" … ce qui lui a attiré les foudres des syndicats policiers.

Citation :

Alors je suis revenu cet après-midi et là personne pour m'embêter, j'ai pu photographier l'intérieur de l'ENM, sans fâcheux !

vartan a écrit:

Le quartie Meriadeck. Du nom d'un évèque de la ville qui au XVIII° légua l'ensemble de ses propriétés aux pauvres de la ville. Tout un quartier populaire s'est développé en centre ville, à deux pas des quertiers chicissimes du "Triangle d'or". C'est une constante à Bordeaux que de laisser mêlés des quartiers populaires et bourgeois en toute tranquilité, ce qui explique la paix sociale qui étonne toujours les gens qui viennent d'autres villes.

C'est marrant, c'est le même cas de figure à Bruxelles: quartiers populaires intégrés dans la ville= paix sociale.

Citation :

En tout cas, ce quartier fut rasé dans les années 70 et livrées aux promoteurs par le maire de l'époque, Jacques Chaban-Delmas qui croyait lancer la ville à la conquète du futur et du développement économique. Las, la plupart des constructions sont datée après 10 ans d'existence, le quartier construit en hauteur (les voie de circulation sont en dessous) laisse d'immenses esplanades désertes ou peuplées le jour des SDF, la nuit des toxicomanes qui dealent et des gays qui s'y prostituent. L'endroit ne manque pas de charme (grandes dalles silencieuses et arborées, chaos architectural dépaysant).

Exactement la même chose à Bruxelles aussi, il y a eu une époque durant laquelle on rasais gratis pour construire des tours et des esplanades avec la circulation en-dessous… sauf que le résultat est moins heureux qu'à Bordeaux apparemment. C'est des endroits où personne ne va car c'est bourré de courants d'airs, alors à moins d'avoir envie de jouer au cerf-volant… et puis c'est gris et triste.
Au moins chez vous, il y a des fleurs et des couleurs grâce au soleil.

Oui, le soleil.
Mais c'est une vieille habitude de raser ici. Après le Révolution, il restait des édifices romains (un des plus grands amphithéatre de Gaule, 15 à 20000 places) et le maire a autorisé les maçons à s'en servir de carrière. Il en reste seulement quelques grandes arches (belles mais amputées). Idem pour un temple, de Jupiter je crois, qui était en bon état au XVIII°. Il a bel et bien disparu...

En prime une petite vue des terrasses de Meriadeck.

Dessous avec mon petit vélo: les routes et les parkings, les passerelles au dessus pour les piétons.




Au-dessus, ici avec les différences de niveau les plus accentués, les architectes ayant fait attention d'éviter presque partout la grande dalle lisse à perte de vue.

vartan a écrit:

Oui, le soleil.
Mais c'est une vieille habitude de raser ici. Après le Révolution, il restait des édifices romains (un des plus grands amphithéatre de Gaule, 15 à 20000 places) et le maire a autorisé les maçons à s'en servir de carrière. Il en reste seulement quelques grandes arches (belles mais amputées). Idem pour un temple, de Jupiter je crois, qui était en bon état au XVIII°. Il a bel et bien disparu...

Apparemment la folie destructrice ça ne date pas d'aujourd'hui.

C'est encore sympa comme endroit je trouve.
Mais il y a des gens qui vont là-bas ? Je suppose qu'il n'y a pas de commerces et d'habitations, ça doit être des bureaux… ?
C'est pas trop "mort" comme coin ?

plutot sympathique ...

Si c'est mort, à tel point qu'on y est presque toujours seul. Les immeubles sont essentiellement des bureaux dont les employés se garent au RDC et montent travailler directement par les ascenceurs sans passer par la dalle. Les gens y marchent rapidement. Dans la journée des SDF et des alcooliques, quelques immigrés illégaux, de rares travailleurs qui viennent y manger un en-cas. Après 17 heures, lieu de drague homo, traffic de stupéfiants, dans la nuit la prostitution masculine.

C'est pas top !

Sauf si on est homo, ou trafiquant de drogue

Ou les deux...

Pour en avoir croisé quelques-uns, je crois qu'eux-même ne trouvent pas ça top.

Pourquoi ? Qu'est ce que tu leur à fait ?

zoilreb a écrit:

Pourquoi ? Qu'est ce que tu leur à fait ?

J'ose même pas y penser.

Si je leur avais fait ça je n'en parlerais pas. Non, mais vous savez on peut parler aussi aux gens des fois.

vartan a écrit:

Si je leur avais fait ça je n'en parlerais pas. Non, mais vous savez on peut parler aussi aux gens des fois.

Merci Laurent pour le post-it ! Il faudrait aussi le faire pour Zoilreb, non ?

Et Entropie aussi tu as un appareil, non ? Cherbourg ?

vartan a écrit:

Et Entropie aussi tu as un appareil, non ? Cherbourg ?

Oui j'y pensais justement , je vais m'y mettre !

tout le monde va faire une petite visite de son chez soi ? ^^

Ben oui, ça te tente ? Tu es d'où ? Tu vis où ?

Pas beaucoup de temps, alors j'ai le plaisir de vous montrer une des plus laides constructions du site. Il jouxte le bâtiment précédent, la comparaison est à hurler.
C'est la Trésorerie générale du trésor public. Impression d'un coffre-fort austère, économe au possible jusqu'à la pauvreté. Portes sinistres comme une prison. Il a été encore plus moche, mais la salubrité publique a nécessité que le bâtiment fut repeint il y a quelques années, en effet la teinte des joints entre les panneaux gris étaient couleur moutarde.

Tellement informe qu'on ne saurait dire qu'elle est sa forme générale, mais aucune impression de fantaisie à cette confusion. Des bouts d'étage dépassent de l'ensemble, des alignements de cubes bas... Impossible à photographier.





On est à 45 minutes de l'océan, mais quand même ! Le quartier reste sympathique.



Quelques pyramides éclairant un sous-sol entourent ce blockhaus sans rien apporter de léger à l'ambiance.



Les portes viennent de se fermer.

Suis de la ville de Cambrai par Le superbe Nord de la France... Vous ferait peut être un jour le tour de cette o combien magnifique ville

Ca serait une bonne idée, je ne connais absolument pas le nord, ni le Nord.

Pour changer un peu. Un architecte inspiré du travail de Franck Lloyd (le Guggenheim de NY et de superbes villas américaines)

Edmond Lay, Pierre Layré-Cassou et Pierre Dugravier
Caisse d'Epargne se de Prévoyance.
Il est situé aux marges du quartier Mériadeck, près des Musées des B-A.
Construit dans les années 75-80 je le trouvais moche au possible ado, aujourd'hui il tient la route malgré son âge. Un empillement ludique de volumes primaires tous différents, revétus d'un habillage de calcaire blond de la région qui souligne la grande plasticité de ces formes. Apaisant et réconfortant à regarder, impression de finitude et d'achevé. Très harmonieux, il fait penser à l'ikebana, l'art des bouquets japonais. Chaque volume est à sa place, rien de contraignant, de lourd malgré la massivité des volumes, chaque pièce semble flotter au-dessus des autres.

L'intérieur que j'essaierai de vous montrere est impressionnant: totalement évidé, subtilité de l'organisation de l'espace, on comprend tout à coup que l'extérieur ne reflète en rien la fonction des espaces internes, ils ont été conçus gratuitement pour la beauté de leur agencement.

Je suis assez lyrique en en parlant mais c'est assez beau à voir, comme un bel OVNI posé au milieu de choses assez quelconques. On voit bien d'ailleurs autour la difficulté d'organiser la transition avec le centre commercial qui jouxte avec ses couleurs flashies et la poste un peu plus loin en marbre et miroirs verts.