Je lance un sujet sur Liège (si je peux) que j'alimenterai au fur et à mesure en photographies.
C'est donc la ville où j'habite depuis cinq ans. Je précise que je n'y suis pas né et que je ne suis même pas de la région (je suis Bruxellois), ce qui, je pense, me donne un regard raisonnable sur cette ville pour laquelle ses habitants éprouve un sentiment de fierté et d'admiration inaltérable… c'est sans doute en écho de sa longue indépendance.
Pour bien comprendre la ville contemporaine de Liège il faut connaître son histoire, au moins dans les grandes ligne, alors je me permet un historique pour situer l'environnement de mes futures escapades photographiques (avec le peu de connaissance que j'ai…).
Il est important de savoir que Liège a subie des destructions, aménagements et modifications urbaines successives au cours de son histoire qui font qu'aujourd'hui… et bien ça ne ressemble plus à grand chose
, mais c'est ce qui fait son charme.
Epoque féodale (-XVe s.)Liège fut fondée sur le lieu de l'assassinat de Saint-Lambert. Celui-ci était évêque de Tongres-Maastricht.
En visite dans une bourgade de son évêché (Liège donc…) il tomba durant la nuit sous les coups d'une bande de brigands. C'était entre 696 et 705.
Saint-Hubert, son successeur, transféra quelques années plus tard, de Maastricht vers Liège, les reliques du Saint et le siège de son évêché, car Liège était devenu un lieu de pèlerinage important. La bourgade devint alors petit à petit une cité rayonnante.
En 980 naquit la Principauté de Liège sous le règne de son premier Prince-Evêques Notger (prononcer Nôgé), qui fit construire à l'endroit de l'assassinat de Saint-Lambert une première cathédrale.
La Principauté prospèra durant 800 ans jusqu'à la fin de la Révolution Liégeoise, en 1795. Cette Principauté ecclésiastique couvrait un territoire équivalent à la moitié de la Wallonie actuelle:
De par son nombre important d'édifices religieux, Liège fut surnommée la "ville aux cent clochers". En 1185 la première Cathédrale prit feu et fut re-batie en style gothique et en 1468, Liège fut mise à sac par les troupes de Charles le Téméraire. Celles-ci détruisirent la ville qui fut après reconstruite… donc peu de vestiges d'avant 1468.
De la Renaissance à la Révolution Française (XVe s.-1795)C'est de cette époque que date un imposant Palais des Princes-Evêques encore debout à notre époque, celui-ci prit feu en 1734 et une nouvelle facade (l'actuelle) lui sera donné.
La ville fut bombardée par les Français en 1691 (merci les gars
) et tout le quartier à l'arrière de la cathédrale fut démoli y compris l'hôtel de ville appelé "la Violette".
La Violette fut reconstruite en 1714 et est toujours aujourd'hui notre hôtel de ville.
Les périodes Française (1795-1815) et Hollandaise (1815-1830)En mal de Révolution, au lendemain de la prise de la Bastille (1789), des révolutionnaires Liégeois décidèrent de s'en prendre à la Principauté. La
cathédrale gothique, de gabarit semblable à Notre-Dame de Paris, symbole du pouvoir du Prince-Evêque de même façon que Louis XVI était le symbole du pouvoir monarchique, est alors condamnée à la démolition. Cette destruction est entreprise en 1793… et achevée 36 ans plus tard.
D'autres bâtiment religieux importants ont subit le même sort et même au-delà du concordat.
Période Belge (1830 à nos jours)La ville en expansion dû faire face à d'important problèmes d'hygiène (comme d'ailleurs Bruxelles) et on entreprit d'assainir et de combler les différents bras de la Meuse dès la moitié du XIXe s. à la suite d'importantes épidémies successives de choléra.
Mais à cause des eaux qui, en se déversant alors exclusivement dans la Meuse par temps de pluies importants, faisant monter le niveau de celle-ci, la ville fit face à plusieurs inondations dévastatrices… Ce fut le point de départ du rehaussement des berges de la Meuse et la construction de la "dérivation" (détournement de l'Ourthe pour la faire se jeter dans la Meuse après Liège et non plus avant). Ces réaménagements furent la cause de la disparition de nombreux vestiges du passé et de la re-construction des abords des quais de la Meuse.
Liège en 1740. On observe les différents bras de la Meuse qui ont maintenant été comblés:
Liège aujourd'hui. On voit qu'un boulevard a remplacé le bras comblé de la Meuse en haut de l'image. A droite de la Meuse, c'est la dérivation de l'Ourthe qui débouche donc dans la Meuse après la ville en haut à droite. En haut au centre, la grande place claire, c'est l'actuelle place Saint-Lambert libérée de la cathédrale gothique depuis 200 ans.
En résuméLorsqu'on visite Liège à pied ou en photo, il faut avoir à l'esprit que cette ville importante et rayonnante par le passé, à la croisée des chemins entre la civilisation latine et la civilisation germanique a été soumise aux feux et aux armes à plusieurs reprises.
Il ne reste rien de l'époque féodale (merci Charles le Téméraire), mise à part quelques vestiges de remparts, quelques tracés de rues et l'un ou l'autre édifices religieux.
La révolution a eu raison de la cathédrale… l'immense vide qu'elle a laissé, dont on ne sait toujours pas qu'en faire, a causé des problèmes immenses en matière de ré-urbanisation du centre-ville, associé au comblement des bras de la Meuse qui en étaient voisin, on comprends que le centre historique n'est plus du tout ce qu'il était en 1790, l'harmonie des lieux y est complètement brisée.
Ajoutons à cela la percée d'une ligne ferroviaire qui passe juste derrière le Palais des Princes-Evêques, la construction de bâtiments modernes à l'après guerre tous plus horribles les uns que les autres, et il est maintenant évident qu'il ne faut pas chercher l'harmonie architecturale d'un ensemble de bâtiments ou dans une structure générale, mais plutôt observer les vestiges anciens par-ci par-là en détail ou immortaliser l'interminable choc des civilisations. Ce que j'essaierai modestement de faire.
Liège est une ville en constante évolution même en son centre historique, il y a comme quelque chose en déclin, comme si on essayait maladroitement de rattraper les aléas de l'histoire. C'est un bric-à-brac hétéroclite invraisemblable et c'est à mon avis comme ça qu'il est le plus passionnant d'appréhender cette cité. Une chose est certaine malgré tout, c'est qu'il y fait bon vivre et que ses habitants sont accueillants et protecteurs.
Désolé pour la longueur du post, mais il me semblait important de présenter un peu les lieux avant d'affronter les dégâts et les résidus de l'histoire en "direct".
Ce soir je posterai quelques photographies prises samedi dernier du quartier où on construit actuellement les "laides ?" (c'est quasi certain
) annexes du Palais de Justice.