Paysages Intérieurs
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 Le mystère du "Triangle Rouge" d'ANDREAS

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laurent
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Le mystère du "Triangle Rouge" d'ANDREAS Empty
MessageSujet: Le mystère du "Triangle Rouge" d'ANDREAS   Le mystère du "Triangle Rouge" d'ANDREAS EmptyDim 29 Aoû 2004 - 13:08

Bon, puisqu'on en parle, je vais mettre ici un peu tout ce que j'ai pu voir comme analyses sur cet album.... à part.

Le mystère du "Triangle Rouge" d'ANDREAS Album_triangle_delcourt

A projet particulier, ouvrage exceptionnel : pour rendre hommage à l'un des plus grands architectes de tous les temps, l'Américain Frank Lloyd Wright, Andreas a imaginé un récit à «tiroirs», emboîtage de rêves construit autour de la couleur rouge. Aussi fascinant qu'irrésumable, l'album met en parallèle des séquences de bande dessinée avec des illustrations inspirées des créations architecturales de Frank Lloyd WRIGHT.

Avis de THIERRY sur Bulledair :
"La BD ne nous offre que trop rarement l’occasion de nous triturer les méninges. S’il est vrai qu’en général, quand je lis une BD, je ne recherche qu’un moment de détente (ce qui ne signifie pas abêtissement pour autant), il est parfois agréable lire un album ou l’auteur demande au lecteur de s’impliquer d’avantage. Andreas fait partie de ces auteurs.
"Cromwell Stone", "Cyrrus-Mil" ou "Rork" sont autant d’exemples de cette BD “intelligente”. Mais pendant des années, j’avais laissé ce “Triangle Rouge” de côté. Comme beaucoup, je m’étais laissé abuser par l’analogie entre le titre de cet album et le sigle de son éditeur: Delcourt, et son… triangle rouge. Cet album n’était-il qu’un travail de commande ? Un album de prestige ? Ce serait mal connaitre Andreas. Le “Triangle Rouge” est en fait un des albums les plus passionnants qu’il m’ait été donne de lire, à la profondeur insoupconnee.
Pourquoi un “Triangle Rouge” ? Parce que l’album met en scène le mythique architecte Frank Loyd Wright, qui signait ces oeuvres d’un carré rouge, et qu’Andreas signe les siennes d’un A stylisé, ressemblant a un triangle. Combinons les 2 et voici notre titre.
L’intrigue en elle-même consiste en une série de rêves imbriqués, un va-et-vient entre différents niveaux de conscience. Andreas ne laisse rien au hasard, parsemant les cases d’indices. Au lecteur de les trouver, les déchiffrer et reconstituer la chronologie des évènements. Une seule lecture ne suffit pas.
Le “Triangle Rouge” est un album a clefs, un labyrinthe où il est facile de se perdre, mais une fois qu’on a trouvé le fil, tout s’éclaire et on se rend compte du talent incroyable d’Andreas. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, cet album est particulièrement agreable a lire. Du très grand art !!!"

Analyse de René ( In BDParadisio 02-2000 ) :
Quelques pistes de réflexion pour lire “le triangle rouge”...
Comme l’a bien montré Briard (01/02/00 - (55056)), il s’agit bien ici d’un discours sur la création artistique et ses affres. Cadre général : pages 3 et 48 qui “encadrent” le récit, et sont ancrées dans la réalité. Ici c’est bien Le Seul le Vrai (enfin du moins celui d’Andréas, qui se garde bien de nous le montrer) Architecte Frank Lloyd Wright qui s’endort, et d’éveille en ayant trouvé l’inspiration pendant la nuit (“Car des ténèbres viendra la lumière”, comme dirait “Lightnight” (lumière de nuit)). Comment a-t-il fait ? C’est là toute l’histoire entre ces deux pages...

Pour créer, l’artiste doit se BATTRE contre ses démons intérieurs (nous verrons plus loin lesquels), se CREUSER la tête pour ASSEMBLER des idées, bref SOUFFRIR.

Comme il a été dit, tous les personnages sont des émanations de l’architecte, mais chaqu’un a un rôle précis dans cette personnalité englobante. Personnalité qui va se fragmenter à travers 4 rêves (D1 à D4, comme indiqué sur les véhicules ou leur symbole (le pilote D3)), et dans chaque rêve des récurrentes mais aussi des variantes riches en rebondissements.

D1 : rêvé par le vrais FLW, le personnage principal est Lebeau-Wood, (sauvé par Dr Freeme)
D2 : rêvé par Lebeau-Wood, le personnage principal est le Flight Lieutnant Worth (qui se suffit à lui même car “quel homme extraordinaire...”page 13).
D3 : rêvé par le Flight Lieutnant Worth, le personnage principal est FFloyd
(accompagné de Lightnight et Worbs).
D4 : rêvé par FFloyd; le personnage principal est Flaw (on verra plus loin pourquoi) qui ne rêve pas.

Ces 4 personnages vont affronter des ennemis de la création artistique :
D2 : le Flight Lieutnant affronte le désert, symbole évident du vide dans la tête, la page blanche...Il en triomphe en laissant une petite boite qui “remplit” étrangement la case 5 page 38.
D3 : FFloyd affronte la peur et la paralysie qui l’accompagne, c’est le rêve le plus violent, le plus combatif. Il triomphe en “tuant” l’image de l’impossible perfection.
D4 : Démon au visage triple que l’on retrouvera dans D1 : le moustachu Will, obsédé par l’argent, le barbu Léon, obsédé par la technique, le glabre Fred, obsédé par la peur des accidents. Ces trois là seront tués par Flaw qui les percute avec son avion.
D1 : Trinité démoniaque encore avec le moustachu William, démon du manque de moyens financiers, le barbu Léonard, démon du manque de moyens techniques, le glabre Frédérik, démon du manque d’audace et de la frilosité intellectuelle. Ceux-là seront tués par Lebeau qui achève ainsi la lutte : l’artiste peut se réveiller.

Se réveiller ? Mais ce n’est pas tout de se combattre soi-même, encore faut-il que cela débouche sur Une IDEE Créatrice...
C’est ici qu’entre en scène la mystérieuse Miss Anderson, qui est la muse
inspiratrice, qui traverse tous les rêves et qui transporte l’Idée d’un rêve à l’autre, permettant la circulation de ces idées d’un niveau de conscience à un autre. Cette idée est bien sur le Triangle Rouge himself. Cette muse doit subtiliser en D3 le triangle à FFloyd, car ce dernier ne peut s’en défaire de lui même (paralysie nous l’avons vu), puis elle le transporte en D4 et D2. En D4 elle affronte Léon et lui instille “l’idée du rouge” (la manche déchirée), puis elle donne l’Idée à Flaw, véritable pivot de l’histoire, jonction entre l’architecte et son inspiration, F.rank-L.loyd-A.nderson-W.right : F.L.A.W. Fred n’ose pas y toucher car il a peur, et
Will la vole comme il se doit. En D2 elle permet au Lieunant de repartir, d’ailleurs elle l’accompagne sous forme de photo (qui se colorise après le succès du pilote contre le désert). Le pilote enfin amène l’idée qui vient visuellement et réellement se coller contre le bâtiment de D1 (passage de la page 39 à 40, rapports pages 38/40). Et voici l’apothéose, voici que notre artiste héros, (car “maintenant il était sûr”p.44) peut achever le travail, et après un suspens sous forme de trois points de suspension
sanglants page 45, a très littéralement accomplit SES TACHES, qui sont en effet sur le mur page 46.

L’artiste s’est bien CREUSE la tête : en D1 par balle, avec tentative de suicide, en D2 page 5 case 3, un simple doigt suffit à cet “homme extraordinaire”, en D3 page 29 avec un couteau, et en D4 le pansement est déjà en place sur Will car ici il n’y a plus de rêveurs.

On pourrait encore parler de la couleur des draps de FFloyd, ou de la ressemblance entre Worth et le vrais FLW (si l’on en croit la 4ème de couv); mais avec Andréas plus on gratte, plus on trouve et vous avez déjà été bien sympas de lire cette tartine.

Deux petits gags pour finir, car Andréas a de l’humour (autre sujet) : la bouteille page 9 dont les mots se terminent par F L W, et une petite contrepèterie page 23 !

Analyse de Quentin ( In BDParadisio 02-2000 ) :
Merci mille fois, René, pour tes réflexions sur le triangle rouge. Tu es génial. J'avoue que je n'y comprenais pas grand chose, mais tu m'as donné envie de relire le livre et tu m'as ouvert les yeux. J'ai donc passé qq heures hier à lire et relire la BD dans tous les sens. Pourtant, je ne suis pas tout à fait d'accord avec tes interprétations. Dans le fond, tout colle, mais dans les détail, je crois que c'est (encore) plus subtil et que certains détails t'ont échappé (moi-meme, je n'arrive pas encore à tout expliquer). Bref, je vais reprendre pas mal des points que tu as découvert, René, mais les replacer dans un autre contexte et leur donner un sens quelque peu différent. Notre plus grand point de désaccord, c'est qu'à mon avis, il ne s'agit pas de 4 reves revés par différens personnages, mais de 4 "jours" (ou "moments", "mouvements"), qui vont de D-4 (D moins 4) à D-1 (D moins 1) (D=day), tous revés par Frankl Lloyd Wright. Il y a donc un ordre chronologique, qui suit le processus de création. Comme dans d'autres bouquins d'Andréas (voir plus bas), la chronologie se voit à de petits détails; elle ne suit pas la lecture de gauche à droite de la BD. Il faut donc revenir en arrière quand on lit l'album. Ici, les détails sont très clairement les D qui ponctuent le récit, mais aussi les 4 roues des voitures de Fred, Leon et Will (FLW, chaque nom ayant 4 lettres) (D-4), l'avion à 3 hélices de Flaw (D-3), l'avion à 2 hélices du Flight Lieutenant Worth (FLW) (D-2), et l'avion à 1 hélice (D-1) de Frederick, Léonard et William (FLW - les noms complets de Fred, Leon et Will en D-4). Tous les personnages sont, bien sûr, Frank Lloyd Wright himself, représentant différentes facettes de l'architecte. Les noms de tous les personnages ont pour première lettre F, L A ou W. "Flaw" en anglais veut dire défaut, imperfection (d'un projet), brisure, felure. Il s'agit donc bien de surmonter les défauts et les obstacles à la création tout au long de la BD.

D'accord avec René que le triangle rouge représente l'idée créatrice. Mais elle est enfermée dans la boite et tout le travail consiste à ouvrir la boite et la livrer à bon port. Pour ce faire, il faudra ouvrir 10 "petites boites" ayant chacune un symbole (voir page 5), qui symbolise à mon avis différentes étapes de la création. Je propose l'interprétation suivante:

1 - Loupe = la projection dans le futur. Tout projet requiert, comme son nom l'indique, une projection. Il faut une dimension de temps. La loupe se trouve sur le journal page 9, sur lequel il est écrit "futur" (D-4)
2 - Serrure = blocage, qu'il faut forcer avec un couteau (suit le blocage de Fred qui n'ose pas ouvrir la boite avec un couteau, et précède Ffloyd qui s'ouvre la tete avec un couteau pour laisser couler la création) (page 31, D-4)
3 - Flèche = décision. Le projet est sur la voie. Le chemin est tracé. On retrouve la flèche sur le mur et le bouchon du bidon (page 33, fin D-4)
4 et 5 - la clé et l'oeil ouvert vont de pair avec la flèche. A mon avis, ca symbolise l'ouverture d'esprit, la solution aux problèmes (page 32, fin D-4).
6 - Cadenas ouvert = signe qu'il faut s'ouvrir (voir 4 et 5), ne pas se renfermer dans les idées préconçues (page 25, D-3)
7 - Lunettes = introspection pour y voir plus clair? Elles se trouvent sur le journal page 13, sur lequel il est écrit "Weltanschauung" (philosophie, vision du monde) (page 13, D-3). Notons qu'on retrouve un troisième journal à l'hôpital page 43, sur lequel il est écrit "Light". Bref, Future (page 9), Weltanschauung (page 13), et Light (page 43) = FLW.
8 - Coeur = passion créatrice. Va de pair avec l'apparition du Federal Law Warden (FLW) Anderson, la "muse inspiratrice" (page 9 mais surtout page 15; D-3)
9 - Croix simple = cicatrice. Signe que toute création est douloureuse. il faut savoir se faire violence. Elle se trouve sur le couteau que Ffloyd utilise pour se saigner. (page 28-29, 37; D-3)
10) Croix pleine = carrefour? Communication? Il faut s'avoir exprimer ses idées, les mener à bon port? (page 6, D-2)

En D-2, toutes les boites ont finalement été "ouvertes" (elles restent fermées dans la BD, mais les symboles sont effacés des boites, voir page 39). En dernière page (47), tous les symboles se retrouvent éparpillés sur le sol. FLW a triomphé de tous les obstacles.

Revenons à l'histoire. A mon avis, elle est centrée sur trois mouvements (les 2 premiers étant eux-memes subdivisés en trois mouvements), qui se répètent, mais dont chacun va un petit peu plus loin que les précédents. Dans chaque mouvement, Ffloyd surmonte des obstacles, mais en retrouve d'autres, jusquau dernier mouvement (à l'hôpital), où il triomphe définitivement des derniers obstacles. Premier mouvement: en D-4, on a Fred, Leon et Will qui veulent freiner la création. Il se font tuer par Flaw. Second mouvement, en D-3, on a Ffloyd qui refuse la création; il tente de se suicider. En D-1, on a Frederick, Léonard et William qui veulent freiner la création et qui se font massacrer par Lebeau-Wood. Il me semble que Fred, Leon, Will, et Ffloyd ont le meme visage gras; seul les coiffures et les barbes diffèrent (petite inconsistance: Ffloyd relève de D-3 et pas de D-4; mais les deux mouvement sont imbriqués au travers du reve de Ffloyd, donc c'est pas trop grave). La progression de Ffloyd est parallèle à celle de Fred, Léon et Will: il hésite, essaye de résister à la création, puis ne peut empecher qu'elle s'insinue et se répande en lui. En D-1, à l'hôpital, Frederick, Leon et William ont le meme visage ovale que Lebeau-Wood; seuls les coiffures et la pilosité diffèrent. Par ailleurs, il me semble que le pilote de course Lightning, Anderson et le pilote Worth ont tous trois le meme visage triangulaire (seuls les coiffures et pilosités diffèrent). Grosso modo, je crois qu'on peut dire que le premier et le second groupes hésitent; ils freinent la création. Flaw et Lebeau-Wood sont structurellement similaires. Ils hésitent eux aussi mais arrivent à surmonter ces hésitations en tuant les deux premiers groupes. Le troisième groupe les aident pour faire avancer le schmilblick (chronologiquement situé entre les deux premiers "groupes"). Il reste 3 personnages aux visages inclassables: Flaw, le majordome Worbes, et le docteur Freeme (qu'on ne voit jamais).

Commençons par le commencement: D-4: trois reves en NB, on revit la meme situation, mais vue d'abord par Fred, puis par Leon, et enfin par Will. On a une progression: Fred n'ose pas ouvrir la boite et il l'enferme à clé dans une armoire. Leon aimerait bien que sa voiture soit ... (rouge) mais il hésite, n'ose pas, refuse qu'Anderson la peigne en rouge. Will saute le pas; il force la porte où se trouve la boite et ouvre le bidon plein de liquide rouge. Montre les étapes de la création, les hésitations, la peur, l'angoisse, l'orgueil, etc. Il faut passer outre ces obstacles, faire table rase, d'où Flaw qui tue Fred, Leon et Will en s'écrasant dessus avec son avion à 3 hélices (à qui Fred a refusé de confier la boite avec le triangle rouge!). Cela ouvre la porte au jour D-3. Fred avait prévu que l'avion allait s'écraser sur eux (il l'avait lu dans le magazine), et il voulait prévenir Léon, mais il n'a pas pu, c'était trop tard (une fois que la création est lancée, plus rien ne l'arrete, on ne peut pas revenir en arriére?)

D-3: Se passe en couleur et est centré autour de Ffloyd. Ici encore, on a une progression semblable à ce qui se passe dans D-4. D'abord, le décor est plus ou moins informe: un mélange de ronds et carrés (page 13-15). Ensuite, après que le verre de liquide rouge se soit répandu sur le lit, annonçant la création future, le décor se remplit de carrés, symbolisant la boite qu'il faut encore ouvrir (page 23-25). Enfin, après que la boite rouge ait été volée, que le bidon de peinture rouge ait fuit, et que Ffloyd se soit saigné l'arcade sourcilière, le décor est plein de triangles rouges (page 37). La création est lancée, inévitable. Anderson joue le meme rôle qu'en D-4. Elle veut que Ffloyd ouvre son coffre/sa boite, et libère sa création. Ffloyd a peur, il refuse d'ouvrir la boite, il préfère s'endormir. Anderson dérobe alors la boite au triangle rouge (page 22), et elle la confie à Flaw (page 6, Petite incohérence: on se retrouve au début de D-4 bien que la boite soit dérobée en D-3. Mais comme Flaw est associé à D-3 avec son avion à trois hélices, c'est pas trop grave. D-4 et D-3 sont tellement similaires structurellement qu'il est difficile de les distinguer). Une fois la boite dérobée, le processus créatif est de nouveau relancé, et on ne peut plus l'arreter. Il se répand comme une tache (page 23-24), qui correspond sémantiquement à la tache qui coule de la voiture en D-4 (page 35-36). La tache est encore informe: la création est balbutiante. C'est le début. Mais on ne peut plus l'arreter, meme si Ffloyd "dé-tecte l'archi-rouge" (déteste l'architecte?). C'est plus fort que lui, il ne peut plus arreter la création. Elle s'insinue et s'impose à lui dans son sommeil. Ca ne suffit pas, il faut la libérer entièrement, en s'ouvrant la tete. Il faut se faire violence. L'accouchement est toujours douloureux. Quand à la tentative de suicide de Ffloyd, je ne sais pas s'il faut l'interpréter comme similaire à l'assassinat de Fred, Leon et Will (de meme que Frederick, Léonard et William), c'est à dire comme le fait que Ffloyd surmonte tout ce qui freine la création, ou bien s'il faut l'interpréter comme faisant partie de ce qui freine la création (le créateur qui flirte avec la folie, empetré dans ses contradictions).

D-2: le pilote Worth transporte la boite à bon port. Il est structurellement similaire à Flaw, mais a plus de succès que lui; il va plus loin; il n'y a plus d'obstacles. D'ailleurs, il finit par ouvrir la boite et par manger les petits triangles rouges. La création est sur la voie. Les boites en désordre du début (page 5) sont remises en ordre (page 39), et les symboles des boites sont effacés (page 39), signe que les obstacles ont été contournés. Pas tout à fait cependant. Il en reste qq uns.

D-1: On se trouve au coeur de la création, dans la boite avec le triangle rouge qui est enfin ouverte. Les trois derniers obstacles, liés à la réalisation des projets (d'accord avec René pour dire qu'il s'agit des problèmes financiers, techniques, et liés à la frilosité intellectuelle et au jugement de l'homme de la rue qui ne comprend décidément rien à l'Art). Lebeau-Wood a le choix: hésiter une dernière fois, et en finir avec sa vie, ou etre sûr que ce qu'il a fait est génial, et en finir une fois pour toute avec les dernières hésitations.

D-Day: Frank Lloyd Wright se réveille. Il peut enfin créer le Guggenheim.

Petite parenthèse: le tirage de tete a une courte histoire en BD qui introduit l'histoire. Si j'ai bien compris, cela se passe dans l'atelier de "Dieu" (ou du grand Architecte). Dieu décide qu'il veut un autre projet fantastique, à la création débridée. Bardaf, c'est la cata. On ne sait plus à quel Saint se vouer. Meme le fils de Dieu, qui d'habitude se débrouille pour sortir des pires situations, ne sait plus quoi faire. Il regarde alors le projet d'un type (serait-ce Andréas?), mais c'est pas assez bon (si j'ai bien compris). En dernier recours, comme d'habitude, ils vont faire appel au "petit architecte" (FLW). "Il est sur le point de s'endormir? Parfait! C'est parti!". Et l'histoire du triangle rouge commence.

Conclusion: FLW est un petit dieu!

PS : En me relisant, je crois que j'ai fait une erreur. En D-3, quand Anderson subtilise la boîte au triangle, elle doit certainement la confier à Worth (et non pas à Flaw, comme je l'ai écrit erronément), puisque Worth la transporte dans l'avion en D-2 (on voit d'ailleurs une photo d'Anderson dans l'avion de Worth). Bref, Anderson avait échoué en confiant la boîte à Flaw en D-4. Elle réussit son coup en la volant à Ffloyd et en la confiant à Worth. Je crois que je vais devoir relire la BD encore plusieurs fois!

René :
A quentin :
Nous ne sommes pas en désacord, car en effet les 4 rèves sont tous forcément rèvés par le même personnage puisque nous sommes "dans son esprit" entre la première et la dernière case. Mais je persiste à dire qu'il s'agit d'un rève en poupées russes : A rève de B qui rève de C...En définitive c'est bien A qui rève le tout, mais par strates. La chronologie existe en effet, elle est là. J'en veux pour preuve la cascade d'évènements et de réveils en chaine à partir de la page 37 : Flaw tue ses démons et tout de suite après Ffloyd se réveille. Ffloy tue son démon (d'un coup de couteau symbolique dans la toile), et le Lieutnant se réveille. Le Lieutnant tue le désert et Lebeau se réveille. Lebeau tue ses démons et l’Architecte-artiste se réveille. Le réveil par strates.
Pour le nombre d'hélices ça ne va pas. Flaw est en D4 et n'en bouge pas. Et le pilote de D3 est pilote de voiture. Je pense qu'il s'agit d'un artifice de dessin pour bien diférencier les avions. Sinon Andréas aurait très bien pu mettre un quadriréacteur en D4, et D3 être un pilote de side-car !.

Très bonnes idées pour les symboles et bravo pour les titres des revues sur lesquels je me suis cassé les dents. Et encore un petit coup de FLW bien sur ! Celui là m'avais échappé.
"Il me semble que Fred, Leon, Will, et Ffloyd ont le meme visage gras" dis-tu, mais c'est bien sur puisque les trois premiers sont rêvés par le dernier (j'insiste hein ;-)
Ton analyse du décors de D3 me semble aussi très pertinente. Mais Ffloyd ne tente absolument pas de se suicider mais (page 27) "d'emmener du rouge dans un rêve" (c'est lui qui le dit).
Petite contrepêterie : "Je détecte d'archi-rouge" = je, l'architecte des rouges" (FLW signait d'un simple carré rouge).
Enfin en ce qui concerne le passage de la boite, il faut bien qu'Anderson la donne à Flaw, sinon que porte Flaw page 6, et comment Fred puis Will entreraient-ils en contact avec elle ? Et comment le rouge (l'idée) se répandrait-elle ? Anderson extirpe l'idée de D3 et la donne à la fois en D2 et D4, puis cette idée est plantée par le Lieutnant dans le désert ou elle va GERMER (passage des planches 38 à 40,le cube a poussé comme une plante, ce que regarde, effaré, le Lieutnant depuis le cocpit) 'case7 page 39)
Pour les groupements de personnages ça peut se discuter mais il ne faut pas perdre de vue qu'il FAUT deux groupes de FLW dans chaque rêve. En mélangeant Flaw (à cause de ses trois hélices) à D3, tu te retrouve avec trop de FLW dans un rève et plus assez dans l'autre.

Quentin :
Bon, ca se discute... Premièrement, pour Flaw en D3, je persiste à dire que les 3 hélices ne sont pas gratuites. D'ailleurs, Ffloyd est en D3 et rêve de la voiture en D4, puis se réveille en D3, retombe en D4 en se rendormant, etc. Je ne crois pas qu'on peut vraiment différencier D3 et D4, ils sont trop imbriqués les uns dans les autres. Il est vrai que le pilote de course est en D-3, mais on ne le voit pas piloter de voiture. Je n'ai d'ailleurs pas très bien compris son rôle dans l'histoire. Mais il a un visage "triangulaire"... Deuxièmement, Ffloyd fait vraiment une tentative de suicide! C'est ce qu'on lui annonce quand il se réveille à l'hôpital, dans la boîte au triangle rouge. Elle vient après qu'il se soit ouvert l'arcade sourcilaire. En fait, elle vient quand il poignarde le pilote d'avion, qui est un geste auto-destructeur (si j'ai raison quand je dis que tous les individus sont des facettes différentes de la personnalité de FLW, et non pas nécessairement ses "démons". En quoi le pilote Worth serait-il un démon?) Pour les rêves, je crois que les 2 interprétations tiennent la route. Il faudrait demander à Andréas. Pour le reste, je crois que tu as raison (bravo pour la contrepêterie et la boîte "qui germe". C'est très convaincant)

René :
Le Flight Lieutenant Worth représente pour Ffloyd (et pour lui seul) la perfection absolue paralysante et impossible à atteindre (voir page 13 ce qu'il en dit case 6-7-8 ). C'est le démon à abatre de D3. (Ce que fait Floyd, le coup de couteau dans la toile page 37). Dans D2 on a un pilote dont finalement on ne connait que les initiales (F.L.Wo) puisque tout D2 est muet. Ressemblance n'est pas identité : exemple de Will Léon Fred ressemblant à Floyd comme tu l'a découvert (idem pour la ressemblance des noms, William etc).
Ce n'est pas Ffloyd qui se réveille après sa tentative de suicide mais bien Lebeau-Wood (clairement indiqué page 40 case 4).
Le rôle de D3 est dans mon optique très simple : il correspond aux trois autres véhicules marqués, mais comme ça se passe en intérieur, on voit le pilote au lieu de sa machine.
Pour le coup des hélices c'est vrai que chez Andréas rien n'est gratuit et ça commence à me troubler. D3 et D4 sont en effet, contrairement aux deux autres, très imbriqués puisque Floyd se réveille plusieur fois...Bon, je m'y replonge. (Mais l'avion de Flaw ne comporte pas de numéro. Oui mais 1-2-3 hélices. Oui mais...)

Je détecte l'archi-rouge = je, l'architecte dé rouge (je crois que c'est mieux).

Quentin :
Petite précision car j'ai peur d'avoir été mal compris. Pour moi, les 4 D sont bien des rêves (et effectivement, D peut tout aussi bien vouloir dire "Dream"), mais ils sont tous rêvés par le vrai architecte (Frank Llyod Wright), sauf dans le cas de Ffloyd évidemment (D-3 et D-4) et ils se déroulent en ordre chronologique. Donc, je suis d'accord sur la majeure partie de ton analyse, René, sauf que je ne suis pas convaincu par ton interprétation disant que c'est le Flight Lieutenant Worth qui rêve D3 et Lebeau-Wood qui rêve D2 (pourrais-tu expliquer comment tu en es arrivé à cette conclusion?). Pour Moi, les parties de D-3 et D-4 qui est en noir et blanc sont rêvées par Ffloyd qui est lui-même rêvé par Frank Lloyd Wright, et tout le reste (parties en couleurs + D1 et D2) n'est rêvé que par Frank-Lloyd Wright en personne. Concernant le suicide, il me semble que Lebeau-Wood et Ffloyd sont une seule et même personne, même s'ils n'ont pas le même visage. Je n'ai pas le bouquin sous les yeux, mais est-ce qu'on ne dit parle pas à un moment ou à un autre de "Ffloyd Lebeau-Wood"? De toute manière, les deux personnages sont structurellement similaires. Ils jouent le même jeu et remplissent exactement les mêmes rôles. Donc à mon avis, c'est bien Ffloyd qui fait une tentative de suicide et qui se réveille à l'hôpital.

René :
Cette conclusion vient du fait que je considère que chaque rêve est "étiqueté" par un D majuscule. L'ordre en poupées russes en découle forcément.
L'architecte rêve le tout nous sommes bien d'accord :
J'ai bien compris que pour toi il rêve des rêves à la suite,et il est une variante de lui même dans chaque rêve.
Pour moi il rêve qu'il rêve qu'il rêve qu'il rêve, et il est un rêveur différent dans chaque rêve.
Comme tu dis les deux se tiennent, mais je trouve que j'ai moins de problèmes pour assembler le tout.
Donc l'ordre des rêves implique que le pilote F.L.Wo... rêve D3, puisqu'il est en D2 (l'avion qu'il conduit), et il est rêvé par Lebeau-Wood, qui lui est en D1 (étiquette de l'avion à une hélice). Ca c'est ma déduction "mathématique", qui se trouve confirmée par l'ordre des Réveils (voir plus bas). Si D2 est en noir et blanc, c'est à cause de la symbolique de désert (d'ailleur la couleur apparait avec l'affiche d'Anderson dans l'avion).
Flaw(D4)=Ffloyd(D3)=F-L-Wo...(D2)=Lebeau-Wood(D1) : parties positives de l'Architecte.
Fred-Léon-Will(D4)=Flight Lieutenant Worth(D3)=le grand désert(D2)=Frédéric-Léonard-William(D1) : parties négatives de l'Architecte.
Là encore nous sommes d'accord donc : Ffloyd=Lebeau-Wood. Mais seulement en tant que symboles : ce qui arrive à l'un n'arrive pas à l'autre réellement (si tant est qu'on peut parler de réalité hein Bad), parce qu'avec mon systême chaque rêve doit rester cloisonné,sauf pour la Muse bien sûr, et pour l'Idée !

Analyse de Thierry :
Pas grand chose a rajouter a l'excellente analyse croisee de Rene et Quentin, tout a ete dit ou presque. Je suis aussi partisan de l'hypothese FLW reve de D1, qui reve de D2, qui reve de D3, qui reve de D4.
Je rajouterais juste 2 ou 3 choses:
Tout d'abord, si FLW signait d'un carre rouge, Andreas signe d'un triangle (A stylise). Le triangle rouge etant symbole de l'idee creatrice, on peut y voir une "aggregation" des signatures D'Andreas (triangle) et de FLW (rouge).
Un detail qui m'a perturbe, a l'oree de son dernier reve, Ffloyd s'endort, apres s'etre ouvert l'arcade sourciliere, dans une chambre aux decorarations essentiellement bleues et carrees ou rectangulaires (couleurs douces mais froides, mais je suis nul en matiere de signification des couleurs) et se reveille dans une chambre aux couleurs decorees detriangles rouges de toutes tailles et vertes (kaki, donc militaire, donc flight lieutenant worth ?). Mais le triangle apparaissant ainsi dans le decors montre bien que l'idee a fait son chemin et remonte d'un niveau. Mais elle reste brute. Elle envahit tout, mais sans "structure".
La derniere incarnation de la muse Anderson est certainement le "SERANDON, nouveau medicament tres cher" (couteux ou 'cherissable'? voir le nom de l'amour perdu de FLW)qui sauve Lebeau Wood. Anderson arrive donc toujours a point nomme pour sauver la situation.
Mais plus que les idees de positifs et negatifs, je retiens l'aspect de va-et-vient necessaire a ce que l'idee prenne vie:
D4 est evolutif et est vu sous differents jours (on considere l'idee sous differents angles pour la faire avancer pas a pas, par iteration)
D3 est plus suivi, comme le processus de "fabrication"
D2 entoure D2 et D3, passant du chaos a l'ordre (jusqu'au cube marque du triangle rouge, tout ce qu'il y a d'ordonne), symbolisant les etapes extremes du processus: le germe initial de l'idee jusqu'a ce qu'on ait toutes les pieces en main.
D1 est comme un etat de pre-conscience, precedant l'expression meme de l'idee, mais la ou il faut encore vaincre les derniers doutes qui nous sont propre, FLW se battant contre FLW. Lebeau-Wood doit tuer les derniers remparts rationnels et timores pour pouvoir enfin oser.
donc selon moi, D2 contient le germe, que D3 va traiter selon une boucle en D4 avant de remonter a D2... un peu comme un script informatique. Sans doute tire par les cheveux mais pas faux, a mon avis. Il faudrait aussi voir les implications en matiere de conscient et d'inconscient.
Une derniere chose, je crois aussi que dans le fait que Will et Leon aient la meme voiture, ce qui desole Leon, il faut voir la peur de l'autoplagiat et du non-renouvellement. Leon croit avoirla perfection, mais quelqu'un a aussi cette perfection, ce qui le desole. Dans le meme ordre d'idees, on voit tout au long de l'album des constructions, sans doute de FLW. Mais il ne me semble qu'elles n'apparaissent que pendant D4, ce qui pourrait laisser entendre encore une fois que pendant que l'idee mature, les autres realisations ressurgissent, comme autant de parasites (toujours la peur du deja-vu et de l'autoplagiat).
Encore une chose. Dans D4, on voit plusieurs fois des dessins de cubes (pages 7 et 9 entre autres). Ils representent certainement l'idee brute, ou plutot le la matiere qui attend d'etre traitee. Le cube est aussi tres present dans D2: boites en desordres au debut, cube geant marque du triangle rouge, donc l'idee lui etant assignee. De ce cube, dont Lebeau-Wood est "prisonnier" naitra l'ultime etape precedant le reveil.
Mais si on continue comme ca, on pourrait trouver qelque chose derriere chaque case de l'album.

René :
Le SERONDAN !!! Nous savions qu'Andréas était un génie, mais en soupçonnions-nous de tels sommets ! Alors là je vous assure je ne m'en remets pas. Bravo les amis.
Il est certain qu'à ce point de l'analyse de "la génèse d'une oeuvre" on en arrive aux problèmes psychanalitiques mais alors là je vous avoue franchement que je suis largué.
L'idée de l'autoplagiat = auto- plagiat (!) est très juste à mon avis. Par contre pour les vues des divers travaux du vrai Architecte, je les vois plutôt en D3 (elles sont en couleur, et Miss Anderson s'en approche en catimini, et en sort avec la boite volée, et comme dit Quentin D3 et D4 sont très imbriqués) et peut-être s'agit-il pour l'artiste de se servir de toute son expérience, de tous ses acquis, de trouver un réconfort en se remémorant la qualité de ses oeuvres passées, de se ressourcer à la fontaine de sa propre inspiration (excusez le lyrisme, ce doit être le Sérondan).


* * *

Voila, je crois qu'il y a matière à mieux comprendre cette BD extraordinaire dans toutes ces analyses.

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Le mystère du "Triangle Rouge" d'ANDREAS
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